Nous avions classe du Lundi à 8:30 jusqu'au samedi (compris) à 16:30. Nous n'allions pas à l'école le jeudi après-midi, le dimanche, les jours de congé et pendant les vacances. Nous ne pouvions faire les courses que le soir et les jours de congé ouvrables.
Figure 001: La quincaillerie des frères Schneidesch:
La quincaillerie est occupée maintenant par le restaurant Knoppes. Les frères Schneidesch était des amis de mon père. L'un des façades donne sur la grand'place, l'aute sur la rue du Marché au Beurre: le marché au beurre était dans cette rue.
Mes parents étant indépendants, il ne pouvaient quitter le commerce pendant la journée. Les enfants devaient souvent faire les courses après l'école. Notre magasin ouvrait et fermait comme les autre magasins en ville (de huit heures le matin jusqu'à sept heures le soir). A cette époque, il n'y avait pas de Supermarché. L'hydrion était un bassin de natation pour enfants sages. Il y avait bien "l'Econopop" et "Spaar", mais mes parents étaient solidaires des petits commerçants et ces deux enseignes appartenaient à des sociétés. Nous n'allions donc jamais là.
Figure 002: La cordonnerie Kirsch: .
Le cordonnier Kirsch habitait dans la maison Oxfam. La maison fut très transformée. La plus haute maison était la Boulangerie Reding.
J'allais ensuite chez "Kirsch", le cordonnier. J'y portais une paire de chaussures à ressemeler. A la craie, il écrivait notre nom sur le talon. Il posait ensuite la paire sur un étagère derrière Lui. J'achetai aussi une boite de cirage brun et une paire le lacets bruns pour bottines. Il y avait un autre cordonnier au Botermahrt, Devillers. Nous allions aussi chez Labranche pour tailler la bavette du samedi soir. Labranche était un copain de mon paternel. Les Labranches sont enterrés dans le même cimetière que mes parents, celui du petit village de Frassem. Dans ce cimetière ils sont protégés par Godfried Kurth.
Figure 003: La tombe des Labranche:
Labranche était aussi un ami de mon père.
J'aurai aussi pu aller chez la "Joffer" qui tenait une mercerie, Mais ma mère préferrait y aller rapidement elle-même. Je quittais le Botermahrt pour rejoindre la "Groußgas" en descendant le Brèck, derrière la croix. A cette époque il n'y avait aucun danger dans le secteur, la croix était encore en bon état et ne risquait pas de nous tomber sur la tête. On pourrait restaurer cette croix, non !
En traversant la "Groußgas" en face du "Brèck", il y avait déjà le magasin "Cami". J'allais à côté chez Breyer-Lussot, la libraire. Je devais y acheter l'Avenir du Luxembourg, Tintin, et si j'avais assez de sous, un album du Journal Spirou. La librairie a été remplacée par un marchand de bijoux de seconde main.
Figure 004: La Place JL Hollenfeltz:
Les allemands ont abattu le docteur Hollenfeltz sur la rue, ici à gauche devant la bijouterie Deruette (qui fait le coin). La maison ensoleillée était la boucherie Guirsch, venait ensuite l'épicerie Klein-Brücher et au coin, le ""Panier d'Or" aussi connu sous le nom de Prosper de Nul. On voit au fond à droite, la tour de l'église Saint Martin.
Il fallait ensuite aller chez le boucher. Nous allions chez tous les bouchers, sauf chez Wernimont (ne me demandez pas pourquoi). Aujourd'hui je devais aller chez Wagner pour acheter des tranches de jambon fumé puis cuit, de la petite saucisse et un rôti de porc. Nous achetions chez d'autres bouchers, notamment chez Guirsch, chez Aloïs et chez Schandler. Il y avait toujours du monde chez les bouchers.
Les enfants étaient petits et perdus dans la masse des adultes. On attendait parfois longtemps. Il y avait de bons adultes qui disaient parfois "et si on servait le petit maintenant, il y a longtemps qu'il attend".
J'allais ensuite chez Biver-Jungen. C'était une crémerie. Elle était située au coin de la ruelle de l'imprimerie. Pendant la guerre, la maison abritait le "Sprachverein". J'achetais là des tranches de Gouda, du beurre "Rose" (ou celui de la Wiltz) et du fromage à fondre. Le beurre Rose et celui de la Wilz étaient des beurres luxembourgeois, bien meilleurs que celui de Virton. Ma mère disait que le beurre de Virton contenait de la margarine et je pense qu'elle avait raison. Il y avait aussi du beurre d'Etalle, mais il y en avait peu et comme il était très bon, j'arrivais trop tard.
Je passai devant la Boulangerie Pâtisserie Pomba (au grand Saint Nicolas) pour me rendre chez Firmin Bernard. Il y a maintenant un opticien à cet endroit. Chez Firmin Bernard, j'achetais essentiellement des fruits et des légumes non belges.
Figure 005: La Place JL Hollenfeltz:
à gauche, on voit juste le contour du magasin de madame Deloges En face on voit ce qui furent la boucherie Guirsch et l'épiceree Klein-Brücher.La flèche pointe là où était les maraîchers
J'allai ensuite chez Madame Desloges (prés de la pharmacie) acheter de l'essence de térébenthine pour diluer la couleur.
Mon "kueref" était rempli quand je remontais à la maison.
Chaque matin, mon père achetait un pain tout chaud chez Simonis. Le pain de chez Simonis était bien cuit et le haut était couvert de farine. Cela n'avait aucun rapport avec la pâte mal cuite que l'on vend maintenant.
Parfois je faisais les courses avec ma mère. Nous suivions un trajet semblable à celui que je suivais seul. Nous allions chez Madame Walravens qui vendait des cahiers, des buvard et des plumes "Ballon". J'allais avec mon père chez Monsieur Walravens qui tenait une imprimerie dans une maison voisine. Les hommes chez les hommes et les femmes chez les femmes.
Nous allions parfois à la crémerie Willebroek. C'étaient des flamands qui officiaient au Botermahrt, au coin gauche du Brèck. Nous achetions les mêmes produits que chez Biver-Jungen, l'entraide des petits commerces nous faisait aller chez l'un puis chez l'autre.
Figure 006: Le Marché au Légumes:
Au milieu trône l'épicerie Firmin Bernard. C'est le début de la Groußgas, à côté de chez Firmin, il y a l'imprimerie Everling (en restauration).
Ma mère allait elle aussi chez Wagner et Firmin Bernard. Chez Firmin Bernard, elle achetait du lièvre, de la biche ou du sanglier, car notre Firmin dépeçait ces animaux sur son trottoir. Les chasseurs donnaient le produit de leur chasse à l'école des Frères, mais l'excédent se retrouvait chez Firmin Bernard.
A côté de chez Firmin Bernard, il y avait le magasin-imprimerie Everling. Je n'allais jamais seul chez Everling. Il se vendait là des choses chères, du genre stylos, agrafeuses et missels pour communiants. A cette époque on prenait un missel pour aller à l'église. Everling était le magasin où se rencontraient les parrains et marraines qui préparaient les communions solennelles.
Lors des communions, les cadeaux étaient un bracelet-montre et un missel. Dans ma famille on achetait le missel en France, à Longwy où ce genre de chose était meilleur marché (et très différent !).
Par contre les souvenirs de communion étaient imprimés chez Walravens. Il avait une collection d'images pieuses et l'on choisissait. Il imprimait le nom, la date et un texte pieux. Si vous trouvez un de ces missels à la brocante, enlevez d'abord la poussière, puis rechercher les images pieuses qu'il contient. Vous trouverez peut-être encore le nom de l'imprimeur.
J'allais aussi faire des courses avec Mon père. Nous allions à la Banque de Bruxelles (maintenant ING), puis à la Société Générale (Fortis) et enfin parfois à la Banque nationale. Dans les banques de l'époque, il n'y avait que des barons, maintenant, il y a des vicomtes (des vicomtes en banque ha ha ha).
Du temps des barons, les banques étaient plus luxueuses. Jamais on aurait osé construire des horreurs en béton comme celle qui remplace maintenant la maison du docteur Birck. Les événements récents montrent que les banques ne sont plus ce qu'elles étaient.
Faire des courses avec mon Père gelait les pieds. Il avait beaucoup de copains. Chaque fois qu'il en rencontrait en rue, un dialogue s'établissait, et en hiver, comme il faisait froid, j'avais froid au pieds ! Il avait tant de plaisir à discuter avec ses copains qu'il n'avait jamais froid.