DOCTYPE html>
Le RP Rutilio Grande s. J. est né au Salvador en 1928 dans une famille pauvre. Il fut assassiné en 1977 par un escadron dit "escadron de la mort", un de ces groupes paramilitaires formés et armés par la CIA. Il était un ami de Mgr Oscar Romero et professeur de Pastorale au Grand Séminaire d'El Salvador. Le pape François faisait partie de se ses admirateurs.
Jeune jésuite, le pape François rencontra ce prêtre sud américain qui grava en lui l'idée de créer une Eglise pauvre pour les pauvres. Oscar Romero fut nommé archevêque sous les conseils de la CIA: c'était à la fois un homme très pieux et un homme de droite: pieux, il plaisait au Vatican, homme de droite, il plaisait à la CIA. Tout changea cependant le 12 mars 1977, lorsque son ami et confident, le père Grande fut assassiné par un escadron de droite. Romero resta très pieux, mais il décida de se donner aux pauvres comme l'avait fait son ami ... Cela ne plut pas à la CIA qui le fit tuer lui aussi... quelques années plus tard.
Si on connait bien ceux qu'il influença, en revanche Rutilio Grande, lui-même reste peu connu. Certains pensent qu'il était un théologien de la libération. Pourtant ce n'est pas à Marx, mais à Jésus qu'il référait toute son action.
La droite a toujours considéré que ceux qui s'occupaient des pauvres étaient des marxistes déguisés. Jésus était sans doute un marxiste avant l'heure !
Agé de 12 ans, encouragé par l'archevêque Luis Chavez y Gonzalez, Rutilio s'inscrivit au petit séminaire. A 17 ans il devint jésuite . Son ordination (1969) fut célébrée à El Paisnal, son village natal. En 1963, il étudia la Pastorale à Bruxelles (Lumen Vitae). Il Voulait devenir pasteur d'une communauté mais pas un de ces «gros prêtres qui s'engraissaient au prix de la misère des autres". Il pensait que "les poules qu'on voulait lui offrir convenait mieux aux enfants mal nourris des paysans qui les lui offraient".
Il a reconnu le vaste fossé qui existait entre la formation académique et spirituelle des séminaristes et leur préparation à la pastorale. Il créa un programme d'immersion pour séminaristes, qui les mettrait en contact direct avec le peuple. Pour lui, l’Évangile ne devait pas rester dans les nuages, mais descendre sur terre et habiter le monde.
Matthieu 20:27
et que celui qui veut être le premier parmi vous soit d'abord votre esclave.
La Pastorale est une science qui devrait préparer le futur prêtre non à officier, mais à vivre dans une communauté. Ce n'est donc pas une simple science théorique.
Dans les années 1960, Rutilio Grande mit en place une expérience de formation pastorale qui rassemblait des séminaristes pendant les grandes vacances; Grande les intégrait dans des communautés chrétiennes qu'il avait créées dans une région pauvre. Les séminaristes apprenaient ainsi comment ils vivraient parmi ceux qu'ils seraient appelé à servir.
Une communautés chrétienne est un groupe d'hommes et de femmes s'aimant les uns les autres, unis pat le message d'amour de Jésus. C'était l'amour des uns qui devait attiser celui des autres. De telles communautés sont particulièrement solides et devraient éclairer l'entourage. Elles sont le sel de la terre.
Elles servent donc à l'évangélisation.
Un prêtre ne devrait pas diriger une telle communauté; il devrait simplement en favoriser l'éclosion. Il devrait veiller à ce que chacun y trouve sa place et aussi à ce que la communauté soit accueillante.
Il n'y a pas de règles pour réaliser une communauté, elle résulte d'une suite de tâtonnements. Chaque communauté se crée de façon originale. Elle doit s'élaborer un corps souple qui puisse apparaitre sous différentes formes. Un corps qui puisse donc évoluer.
Il y a des écueils à éviter. L'orgueil peut pousser certains au dirigisme: certains pourraient se sentir une vocation de sergent. Si la communauté se choisit un chef, celui-ci doit se rappeler qu'il est au service des autres, contrairement à ce qui se passe ailleurs dans notre société.
Chaque communauté paroissiale sera donc originale !
Tout au long de sa vie le père Grande a souffert avec le peuple de la pauvreté et des troubles civils de son pays. L'économie était gérée par moins de 1% de la population; la moitié des enfants de la campagne mourraient avant l'âge de 5 ans. L'emploi était rare et très souvent à temps partiel. Les ouvriers ne recevaient souvent qu'une tortilla par jour er n'étaient donc pas capables de nourrir leur famille. Le fatalisme qui s'installait dans la population amincissait tout espoir de voir la situation changer.
Ces communautés devraient changer la base, et de la base, on pourrait rêver d'un changement vers le haut. C'est l'inverse de ce qui se fait actuellement.
l'Eglise devrait soutenir de telles communautés, et marcher avec elles. Inspirées par l'Évangile, ces communauté devennaient les agents les plus efficaces du développement.
Pendant deux ans, le père Grande et son équipe de prêtres ont mené cette délicate «mission» auprès de communautés très pauvres qui entouraient sa ville natale. À travers une relecture des Écritures, ces communautés se sont rendues compte que la volonté de Dieu n'était pas de les voir rester pauvres. Construire le royaume de Dieu c'était en effet défendre les communautés pacifiquement, mais avec énergie. Tout au long de «l’expérience» pastorale du père Grande, l’archevêque Romero observait avec soin comment son ami et confident appliquait l’enseignement social de l’église à la réalité des communautés rurales pauvres et opprimées de la région.
Peu à peu, les gens ont commencé à changer d’esprit et à se rendre compte que l'oppression qu'on leur imposait était contraire à l’amour de Dieu.
Au fur et à mesure que cette prise de conscience grandissait, grandissait aussi le désir de changement. Ils firent peur. Des menaces furent proférées contre le père Grande et les communautés qu’il servait. Ces menaces provenaient principalement de riches propriétaires qui se sentaient menacés par le travail de Rutilio. Les agriculteurs des zones rurales s’organisaient pour une créer une vie meilleure. Satan devait empêcher tout extension de ce phénoumène nouveau. Le 12 mars 1977, le père Grande a été assassiné par les escadrons de la mort, à la demande de riches propriétaires terriens et du grand pays voisin qui les soutenaient.
L'archevêque Roméro a été témoin des risques pris par le père Grande et a vu le chemin qu'il a volontairement parcouru pour unir ceux qu'il aimait.
Voyez ce qu'est devenue la vie là-bas depuis leur mort.
Lors de l’enterrement du père Grande, l’archevêque Roméro a déclaré: "le véritable amour des autres était ce que Rutilio Grande apportait avec sa mort et celle de deux paysans à ses côtés. Rutilio était un prêtre marchant avec son peuple tout en s’identifier à lui".
Le Père Grande était un exemple de serviteur qui a embrassé la pauvreté et a accompli sa prêtrise - non pas en apportant une église riche aux pauvres, mais en participant pleinement à l'église déjà présente parmi les pauvres. La béatification de Rutilio Grande, S.J., envoie un message clair du pape François aux prêtres, aux marginalisés et à tous ceux qui détiennent le pouvoir, de l’option préférentielle de Jésus et de l’Eglise pour les pauvres .
Quittez le confort de votre cure et de votre église et allez où sont les brebis qui vous sont confiées.
Jadis, on formait les prêtres pour qu'ils s'isolent dans une tour d'ivoire, la cure, maintenant on les prépare à se trouver une place dans la communauté, au milieu des brebis.
Comme Jésus, Grande partait de la base vers le haut, l'inverse de ce que l'Eglise a fait en s'alliant avec Constantin.
L'Eglise doit cesser de rechercher le pouvoir et chercher à nouveau les enfants de Dieu.